Dés que ses petits poumons se mirent à cracher de l'air, le destin de Da-hye fut scellé.

La mère du nouveau-né, une actrice renommée, avait divorcé de son second mari -père de Da-hye, acteur lui aussi-, alors qu'il n'avait que six mois. En Corée, à cette époque, si on avait assez d'argent et qu'on était dans cette situation, on pouvait facilement avoir l'avantage. Après un procès, le père de Da-hye, qui n'avait pas la bourse nécessaire pour se payer autant d'avocats que son ex-compagne, se retrouva écarté de son fils. Et maman, elle, avait une toute nouvelle imprimante à billet à sa disposition.

Enchaînons avec le début de la vie de Da-hye : tout avait été prévu, il aurait accès à une éducation de pointe, étudierait le piano, le chant, la danse, la gymnastique, le tout dans des établissements strictement réservés aux garçons.

Pour sa mère, Da-hye (d'ailleurs, prononcez "da-yeu") était un investissement sur le long terme. Le boom du divertissement commençait seulement à apparaître dans le pays, le cinéma grandissait à l'international, et, chose encore plus importante, les boys/girls-bands commençaient à montrer le bout de leurs nez.

Jusqu'à son adolescence, Da-hye vivait pour sa mère et uniquement pour elle. Entouré de richesse il recevait une illusion de bonheur caché dans tous les jouets dont il pouvait rêver et une tendresse à l'arrière goût amer venant de sa génitrice. Il participait à des compétitions à la chaîne, en gagnait certaines, surtout en chant et gymnastique, se débrouillait moyennement bien en piano, était bon en danse, sans plus. Son point fort, c'était son physique, naturellement dans les canons de beauté. Sa mère n'aurait pas besoin de lui payer des soins particuliers.

Dés que la puberté commença à frapper, il devint rapidement évident pour Da-hye qu'il y avait quelque chose d'étrange avec lui. Une certaine attirance pour certains de ses camarades, l'impression qu'il avait quand les autres posaient leurs regards sur son derrière, à la piscine, le manque d'intérêt pour la gente féminine... Pensée étrange, mais qui vaut la peine d'être remarquée ; à l'époque, une certaine sexualisation des boys-band auprès du publique notamment féminin était en train d'apparaître. Une ambiguïté souvent  trop accentuée pour être due au hasard. Tout ça pour dire, vous savez... Sa mère, à Da-hye, est-ce qu'elle savait que ce genre de garçon deviendrait exactement la coqueluche des groupies du monde entier?

A quinze ans, sa mère contacte une boite de production prestigieuse. Elle est déjà détentrice d'une bonne dizaine de groupes à succès relatif, tous très populaires sur le plan national. Pour l'instant, cette boite est importante, mais pas essentielle. Ce qu'ils ne savent pas à l'époque, c'est que l'idée de créer un groupe constitué d'adolescent va les lancer sur une pente ascendante à un degré hallucinant.

C'est donc ce fameux groupe qui lance, en même temps que la réputation de la compagnie, la carrière de Da-hye. Sa mère, femme intelligente, a correctement manié les contrats, son petit chéri ne sera pas attaché à la compagnie plus que de raison, et restera sous son contrôle à elle. Un an aura suffit pour propulser Da-hye sous les projecteurs. Avec quatre autres garçons, il représentait la poule aux œufs d'or. Après cette année de franc-succès, le mot du jour était "expansion". Devenue membre à part entière de la compagnie de production à présent, elle avait son mot à dire sur l'avenir du groupe et de son fils. C'était principalement elle qui décidait des nouveaux membres, de ceux qui partaient, de ceux qui restaient.

Dés ses dix-sept ans, le groupe devint quelque chose de plus "adulte", tout en restant aussi attachant pour le publique que possible. La cible (les adolescentes de Corée et bientôt, du monde entier) devait rester fidèle. Da-hye était la star incontestée du groupe, qui s'étendait tous les ans plus loin. Des tournées mondiales, plusieurs millions de personnes assistant à des concerts, plusieurs par semaines. Des centaines d'heures en avion, en bus, des milliers d'heures à répéter, beaucoup moins d'heures de loisir, encore moins d'heures d'attention de la part de la mère d'un enfant à la fois délaissé et incroyablement sollicité.

Vous connaissez BTS ? Vous imaginez le genre d'audience qu'ils regroupent ? Divisez ce nombre par deux, et vous avez plus ou moins l'envergure de la célébrité d'un des plus grands groupes de K-Pop du monde. Même divisé ainsi, leur influence restait phénoménale. L'entreprise maintenant détenue par la mère de Da-hye valait maintenant plusieurs milliards de dollars. Chose aberrante, même avec un capital aussi monumental, cette compagnie n'atteignait même pas le top 100 du divertissement mondial. Elle n'était même pas dans la cour des grands. Comparée à d'autres, quels petits joueurs ils étaient.

Bon, à ce moment de l'histoire, Da-hye a 21 ans. Il est au sommet de sa gloire et lui et sa mère n'ont jamais eu autant d'argent. Alors, vous vous demandez sûrement, c'est quoi qui cloche ? Et vous allez sûrement dire, c'est la mère, hein ? Eh bah oui.

Il fallait s'y attendre, Da-hye requiert de l'indépendance, et vous pouvez peut être l'imaginer : il n'est pas très très heureux en compagnie uniquement de ses amis les autres chanteurs. Dans cette situation, il passait chaque jours tout son temps libre à lire des centaines de commentaires de ses fans qui l’adulait. Il se faisait passer pour un de ses détracteurs, rien que pour voir des centaines de réponses de gens postant des photos de lui, lui expliquant pourquoi il était leur préféré, pourquoi ils l'adoraient. Il était devenu son propre moyen de se remonter le moral, n'ayant pas d'amis, pas d'amoureux, à l'époque, il appartenait au publique.

Ce ne fut pas facile, et Da-hye dut s'en remettre à des avocats pour pouvoir se défaire de l'emprise de sa mère, des contrats malhonnêtes, pour enfin être à sa propre merci. Je vous passe les détails, mais ce fut vraiment difficile de se retirer de ce groupe. Mais bon, maintenant, il était détenteur de plus d'argent qu'il ne pourrait en dépenser dans dix vies, d'assez de part d'une entreprise pour acheter des centaines de maisons, et ne parlons même pas de ce qu'il aurait en héritage. Bref.

C'était la fin du début de sa vie, maintenant allait commencer l'amusement. Après sa carrière plus que remarquable dans la musique, il avait fait plusieurs apparitions réussies dans des séries très populaires, dans des films, même. Il s'était créé à nouveau une petite vie, avec toujours plus de fans, toujours plus d'argent, et un super agent.

Cet agent, c'est celui qui l'a mis en relation avec les "godesses". Quand Da-hye appris qu'il avait enfin été contacté, il était presque frustré d'avoir reçu une invitation aussi tard. Il regardait de loin cet endroit depuis longtemps, fantasmant plus que de raison sur cet endroit, le considérant comme un vrai petit paradis qui ferait office du parfait nouveau départ.

Et voilà, si c'est pas dingue, ça.